Le sens de la justice en Chine et en Europe

Au-delà des différences culturelles, existent entre la Chine et l’Europe des analogies très fortes dans la conception du sens de la justice. C’est la conclusion du colloque organisé les 19 et 20 juillet 2011 à Paris par l’IHEJ, en partenariat avec la Société chinoise de droit comparé.

La notion d’Extrême-Orient, telle que l’histoire l’a forgée, évoque pour l’Occident, l’idée d’un opposé, d’un Autre si différent, si étranger, qu’il en est qualifié d’extrême.

Pourtant, regarder l’autre comme une antithèse, ce n’est pas le voir vraiment : c’est se contempler soi-même, non sans suffisance, en oubliant que l’identité ne se livre pas dans le déni de l’Autre, mais dans la relation et l’acceptation de la différence. Rencontrer l’Autre, c’est reconnaître l’existence d’un autre soi-même et accepter pleinement sa différence. C’est aussi faire retour sur soi pour mieux se connaître.

A bien des égards, l’idée que l’Europe a pu se faire de la justice en Chine n’a pas été exempte, pendant longtemps, d’une certaine propension à ne voir dans la culture juridique de ce pays, de cet Etat, qu’une antithèse de la culture occidentale. Mais de nombreux historiens, philosophes et juristes, européens et chinois, dont plusieurs sont présents aujourd’hui parmi nous, s’efforcent à présent de montrer que, sur le plan de la culture juridique notamment, la Chine et l’Europe ne sont pas aux antipodes l’un de l’autre : cela suppose que chacun porte sur l’autre un regard empreint de respect, un regard qui, sans renier les différences, s’efforce de dégager dans les fondements mêmes de sa propre culture, ce qu’elle a en partage avec l’autre.

Ce colloque a témoigné avec éclat qu’un tel chemin de rencontre est, non seulement possible, mais plus encore une voie vers un dialogue riche et fécond. Il a montré que, par delà les différences culturelles, existent entre la Chine et l’Europe des analogies très fortes, voire peut-être même une identité, dans la conception du sens de la justice. Ce socle commun, tel que je le comprends à l’aune des travaux de ces deux journées, s’exprime dans une double fonction assignée à la justice : celle d’être la gardienne des valeurs fondamentales de la cité et celle de contribuer au maintien de l’harmonie sociale…

Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat et président de l’IHEJ
Extrait du discours de clôture

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