Imaginer le palais de justice du XXIe siècle

A la veille de la mise en chantier du futur palais de justice de Paris, Antoine Garapon, secrétaire général de l’IHEJ, revient sur la signification symbolique des lieux de justice, inséparable d’un modèle démocratique et d’une vision de la justice. Une analyse publiée dans la collection des Notes de l’IHEJ.

En janvier 2013, le président de la République a officiellement annoncé la mise en chantier du futur palais de justice de Paris, dont les travaux de construction commenceront courant 2013 pour une ouverture prévue en 2017. L’objectif est de remplacer l’actuel Palais de justice de l’île de la Cité, vieux de 700 ans, et de regrouper les divers sites éparpillés dans la ville dans un bâtiment qui devra incarner la justice de demain. Comment honorer une telle ambition ? À la veille du lancement de cet important chantier, Antoine Garapon, secrétaire général de l’IHEJ, revient sur la signification symbolique des lieux de justice, inséparable d’un modèle démocratique et d’une vision de la justice.


@ Patrick Tallec

Ce nouveau palais de justice devra en effet inaugurer une nouvelle ère. Il devra refléter les grandes tendances qui traversent notre institution judiciaire contemporaine, tout en traduisant les profondes recompositions qui ont affecté nos sociétés, dont le centre de gravité s’est déplacé du pouvoir central vers les individus. Non pas que le pouvoir ait disparu, ou que le droit ne soit plus contraignant, mais c’est autour d’une nouvelle idée que se rêve désormais la justice.

La responsabilité du bâtisseur de justice est d’autant plus écrasante que la justice se pose comme la nouvelle scène de la démocratie, celle où l’on projette ses inquiétudes et où l’on tente d’exorciser ses peurs, une sorte de parlement improvisé pour nous expliquer avec nous-mêmes. La justice est désormais prise au sérieux : elle n’est plus ce lieu de spectacle divertissement ou sordide qu’elle était au xixe siècle. L’enjeu est de rendre visible un pouvoir qui semble se loger dans chaque individu.

Comment alors construire une architecture qui célèbre ces nouveaux héros de nos vies ordinaires, qui habille et accompagne les nouvelles attentes à l’égard d’une institution judiciaire à la fois la plus célébrée et la plus conspuée de nos institutions modernes ?

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