La corruption en tant que phénomène politique et social a pris une dimension importante depuis le début des années 1990. Certains chercheurs ont voulu attribuer cet essor à un nouvel intérêt pour le rôle de l’Etat dans les pays en voie de développement, d’où la renaissance de la problématique de la corruption à partir de la Banque mondiale à partir de laquelle naîtront des organismes comme Transparency international. En termes économiques, la corruption est ambivalente dans son rapport au bien commun ou à la chose publique : si elle peut avoir des effets négatifs dans la mesure où les ressources de l’Etat se trouvent accaparées à des fins privées, elle peut aussi aboutir à une redistribution des richesses. Des études anthropologiques se sont par ailleurs affranchies des dichotomies légal/illégal et privé/public en repensant la corruption à partir des pratiques du don et contre-don dans la lignée des travaux de Marcel Mauss.
Le problème de la corruption est récurrent dans nos sociétés, mais il est peu pensé. Si beaucoup d’ONG font des rapports c’est toujours sous forme de données chiffrées. Il s’agirait alors de repenser la démocratie par son versant négatif et non procédural. Quelle est la forme spécifique de la corruption dans la démocratie libérale ? Ce qui importe ici n’est pas tant la transgression de la règle que son faussement, qui induit de penser à la fois la corruption d’un point de vue moral et métaphysique, et la manière dont elle s’inscrit dans une économie du pouvoir comme dispositif distinct de la simple coercition étatique.
C’est dans la perspective de ces problématiques consistant à mieux cerner le phénomène de la corruption que le séminaire de philosophie du droit de l’IHEJ s’est déroulé autour de quatre axes successifs :