Scandale moral et politique, la torture représente un défi pour la conscience humaine en général et pour la pensée philosophique en particulier. Abordée par Frédéric Gros, professeur de philosophie à l’université Paris XII et chercheur associé à l’IHEJ, elle est le sujet de la quatrième Note publiée par l’IHEJ.
Dernier sujet abordé dans les Notes de l’IHEJ par Frédéric Gros, professeur de philosophie à l’université Paris XII et chercheur associé à l’IHEJ, la torture se présente, d’emblée, sous la lumière du scandale.
Scandale moral d’abord puisqu’elle suppose la confrontation entre un bourreau tout puissant et une victime totalement exposée et sans défense, le premier infligeant à l’autre les souffrances les plus cruelles.
Scandale politique aussi, quand la torture est tolérée, voire encouragée par les plus hautes autorités politiques, alors même qu’elle représente une forme de violence insupportable, illégitime et indigne. L’État, qui devrait représenter une garantie contre la sauvagerie, cautionne au contraire un traitement inhumain.
La torture représente donc un défi pour la conscience humaine en général et pour la pensée philosophique en particulier. Acte qui suscite la stupeur et provoque l’incrédulité, elle constitue également une expérience d’une telle intensité qu’elle en vient à condamner d’avance toute tentative d’explication, perçue comme un premier pas vers la justification.
Entre indignation morale et acceptation au nom d’une politique confrontée « à la dureté du réel », il y a cependant place, estime Frédéric Gros, pour une étude des « stratégies discursives de légitimation de la torture » qui ne soit ni déplacée ni obscène et qui permette de dépasser les alternatives habituellement proposées par la philosophie classique.